Mise en lumière de l’engagement de l’un des frères du Grand Orient de Suisse.
Ces bénévoles qui composent le GISS :
- Médecins GIS 74 Infirmiers.
- Maîtres-chiens de décombres (GIS 74)
- Secouristes logisticiens. (principalement issus du milieu sapeurs-pompiers)
Tous spécialistes du secours d’urgence, et préparés aux missions extérieures.
Le 6 février 2023, à 1 h 17 min 36 s (UTC), une première secousse de magnitude de 7,8 frappe le sud de la Turquie et le nord de la Syrie 6,7. Sa durée est estimée à environ deux minutes. Le foyer est situé à 34 km à l’ouest de la ville de Gaziantep, près des villes de Kahramanmaraş et Nurdağı, à 17,9 km de profondeur.
À 10 h 24 min 49 s, neuf heures après la secousse principale, se produit une deuxième secousse de magnitude de 7,5 à 7,7, possible réplique du premier, ou plus probablement un deuxième séisme déclenché par le premier.
Composition de l’équipe 1 :
- 1 chef de mission
- 1 spécialiste sécurité GO/NOGO
- 2 médecins, 2 infirmiers/ères
- 1 maître-chien
- 8 logisticien/spécialistes SD
- Plus de 1400kg de matériel
Composition de l’équipe 2 :
- 1 chef de mission/ logisticien/spécialiste SD
- 1 logisticien/spécialiste SD
- Près de 500kg de matériel médical et médicaments (TULIPE)
Mardi 7 février 6h30
Ce matin, suite au séisme sur la frontière turco-syrienne, l’équipe USAR GIS composée de 15 membres (7 Gissiens du GIS France et 8 Gissiens du GIS Suisse) est partie pour la Turquie L’équipe de bénévoles est composée de spécialistes en sauvetage-déblaiement (S&R), d’un conducteur cynotechnique accompagné de son chien, de médicaux, paramédicaux ainsi que de logisticiens-secouristes.
Le trajet s’est fait par avion (Turkish Airlines) de Genève à Istanbul, puis d’Istanbul à Adana. Ensuite, 5 heures de bus supplémentaires ont été nécessaires pour nous rendre dans la ville d’Elbistan, située dans la province de Kahramanmaraş (épicentre), à 1’200 mètres d’altitude et peuplée d’environ 140’000 habitants.
La ville a été très touchée par la deuxième réplique du lundi 6 février (>7 sur l’échelle ouverte de Richter). Nombre d’habitants qui avaient regagné leur habitation ont été pris au piège par ce nouveau tremblement de terre. 50% des bâtiments sont écroulés et 40% sont extrêmement fragilisés, entraînant un gros risque d’effondrement en cas de nouvelle réplique.
Chantier 1 : L’équipe commence le travail à 08h00 sur un premier chantier. Immeuble de 7 étages, rez-de-chaussée et 1 er étage effondrés, étages 2 à 7 intacts. 3 personnes disparues, pas de signe de vie. Statique du bâtiment : critique. Chien engagé avec marquages.
Chantier 2 : Immeuble de 3 étages avec effondrement total. Engagement pour une levée de doute. Intervention du chien. Aucun marquage. Arrêt du chantier.
Chantier 3 : Immeuble de 6 étages avec effondrement rez-de-chaussée et 1 er étage. Engagement pour une levée de doute. Intervention du chien. Marquage effectué. L’extraction des corps se fera par une équipe locale.
Chantier 4 : Immeuble de 8 étages avec effondrement total. 15 personnes signalées à
l’intérieur. Intervention du chien. Marquage effectué.
Chantier 5 : Immeuble de 7 étages avec effondrement total. 2 personnes signalées à
l’intérieur. Un enfant de 9 ans et son père. Ils étaient dans leur commerce, située au rez-de-chaussée au moment de la deuxième réplique. Le matin, la maman a été sortie des décombres, vivante. Elle est malheureusement décédée à l’hôpital plus tard dans la journée. Intervention du chien. Marquage effectué. Nous effectuons recherche et localisation. Après 5 heures de travail, nous retrouvons l’enfant coincé sous une dalle de béton et malheureusement décédé.
Chantier 6 : Immeuble de 5 étages avec effondrement total. Engagement pour une levée de doute. Pas d’intervention du chien. Recherche par appel phonique. Signaux de vie détectés. Localisation de la victime 2 heures plus tard. Femme d’environ 60 ans.Malheureusement, plus de signaux de vie.
Chantier 7 : L’équipe complète est sur un site d’intervention depuis 10h00. Des témoins ont signalé avoir reçu un texto d’un membre de leur famille. Cette personne indique être coincée dans son immeuble qui s’est effondré lors de la deuxième réplique. Il s’agit d’un bâtiment de 7 étages, complètement effondré en « mille feuilles ». Après une expertise de deux experts en sauvetage-déblaiement, nous établissons une stratégie d’intervention en regard de ce signalement qualifié de « positif ».
Le passage du chien confirme la présence probable de la victime. La localisation exacte est rendue très compliquée en raison de la structure du bâtiment. Une très longue intervention débute, alternant déblaiement mécanique et manuel. L’instabilité de la structure oblige à la prudence, tant pour l’équipe que pour la personne coincée sous les décombres.
Après plus de 6 heures de travail, n’ayant plus reçu de signaux de vie (SMS ou son), nous décidons d’arrêter les opérations de déblaiement « léger » et demandons l’autorisation à la famille de la victime d’engager la pelle mécanique. La nuit tombe, la température va descendre aux alentours de -15 degrés. Même si cette intervention comporte énormément de risques pour le jeune homme âgé de 37 ans, nous devons la tenter. S’il est inconscient, ces chances de survies en continuant à progresser très lentement sont quasi nulles surtout que nous ne l’avons pas encore localisé précisément. Cela pourrait encore prendre plusieurs heures.
Le père de la victime nous donne son accord pour commencer l’opération. Mais avant de débuter, nous décidons de faire un ultime appel verbal depuis le fond du tunnel que nous avions déjà creusé.
Nous demandons le silence complet sur le chantier. Le pompier turc qui se trouve avec un membre du GIS au fond du tunnel, lance un fort « Mahmut ». Aucune réponse. On recommence, encore plus fort, en tapant cette fois-ci, avec un marteau sur la dalle de béton. Silence mais, soudain, nous entendons une voix très faible nous répondre.
A l’aide de sa voix, nous arrivons enfin à le localiser aux alentours de 6h00. Nous entrons en contact visuel avec lui à 7h30 et, finalement, parvenons à l’extraire à 11h00, une fois son pied libéré du tuyau de gaz qui le compressait.
Une magnifique opération de sauvetage qui s’achève après plus de 24 heures de travail non-stop. Mahmut est resté prisonnier plus de 100 heures dans les gravats de son immeuble totalement détruit. Son courage, sa force mentale et physique lui ont sauvé la vie.
Parallèlement, aux opérations de sauvetage, nous avons fait don de 7 cantines médicales (420 kg au total) au dispensaire médical situé dans un camp de sinistrés accueillant plus de 1’800 personnes dans la ville d’Elbistan. Ce matériel a été amené ce matin par une deuxième équipe partie hier de Genève.